mardi 25 mars 2008

Les Mardis du Manga


Coq de combat

Izo HashimotoAkio / Tanaka

Ed. Delcourt.

Entamer la lecture de cette série équivaut à ingurgiter une douzaine de sucres trempés dans du vinaigre. C’est à la fois très bons mais aussi âpre et résolument aigre tant le début du pèlerinage de Ryo n se fait dans la souffrance physique et morale.

Ryo Narushima, maigre et chétif adolescent urbain cède face à la pression. Incapable d assumer les espoirs que ces parents projettent à sa place, il préfère commettre l’irréparable; et lâchement, forcement, ils les poignardent dans la demeure familiale devant les yeux de sœur aînée.

L’histoire devient médiatisé et Ryo devient l’adolescent X, une manière de préserver son anonymat mais aussi de déshumaniser la monstruosité de l’homme et de son acte, il sera conduit dans une prison pour mineurs. Niveau premier des enfers, bienvenue. Pour ses juvéniles codétenus Ryo a commis le crime le pire des crimes. ce parricide est aussi inexcusable qu’incompris, à leurs yeux le jeune homme mérite la sentence la plus acharné, la violence la plus sourde, les brimades, le viol, la torture…

Une grâce divine pourra t’elle ramener l’espoir de continuer de vivre ? On pense à sa sœur, mais cette dernière, abasourdie va s’acoquiner avec le terrible duo héroïne prostitution pour mieux sombrer.

Non pour Ryo, la seule issue est de s’enfoncer plus profondément dans les ténèbres, repousser son humanité.

Dans ce drame épique le passeur du Styx se nomme Kenji Kurokawa , professeur paria de Karaté accusé de tentative de meurtre sur la personne du Premier ministre et adepte des voies les plus obscures de son art martial : la main est une arme, et une arme sert à tuer. Il façonnera Ryo en une force destructrice proprement démoniaque…Puis vient la majorité est sa sortie de prison ; retour à la réalité, niveau second des enfers, continuez votre chemin.

Le démon réclame de la force et exige des adversaires pour l’éprouver avec une haine viscérale pour tout ce qui est beau.

Ici forcément pas de héros ou même d’anti-héros ; impossible de s’identifier au personnage de Ryo ; le lecteur devient le témoin nauséeux, presque coupable de laisser les événement filer page après page.

Coq de combat est plus qu’une série singulière, c’est un cas unique, une force unique hérissant chaque particule de peau ; on recherche l’accalmie mais rien, les tomes s’enchaînent et la violence se déchaîne sans discontinue… Un scénario dense sans excès mais sans espoir. Le dessin est sombre, évidemment, mais précis, magnifiant les joutes martiales. Typiquement japonais, les symboliques animalières pullulent ; un gros plan sur un visage crispé, un dessin de locuste, un impact, une blessure, un oiseau de proie hurle. Dans la mythologie japonaise le coq est l’animal le plus détesté par les dieux !

Pour l’instant un peu plus de vingt tomes autopsient la descente de Ryo ; la série est actuellement stoppée au Japon suite à des querelles entre ses auteurs et leurs éditeurs… Brûlons donc un cierge, ou mieux un curé, dans l’espoir de voir arriver la suite.

Monsieur Pierre

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