dimanche 9 mars 2008

Article

Le bois des vierges

Dufaux/Tillier

Ed. Laffont BD


Vie ou mort d’un album.

Malgré une couverture très « eigthee’s » et un titre à la lourdeur pachydermique fleurant bon l’album pour mâle préadolescent, cet opus renferme dans ses pages quelques atouts. En effet, même si ce livre reste ancré dans un classicisme sans prétention, l’histoire et le dessin se marient agréablement et donnent un début de récit des plus engageant.

La guerre entre les hommes et les loups, animaux de haute noblesse dans la hiérarchie présentée ici, est sur le point de cesser grâce à un mariage entre les deux espèces. Mais le jour des noces, dans une ambiance particulièrement délétère, le couple qui devait symboliser la nouvelle union pacifique va en fait incarner le massacre à venir après l’assassinat du sieur loup par la glabre demoiselle humaine.

Posé dans une ambiance faisant clairement référence aux guerres de religions qui ont ensanglanté la seconde moitié du XVI° siècle en France, ce tome I se termine si l’on y regarde un peu vite, de façon tout à fait enthousiasmante. L’ambiance est bien assise, le combat homme animaux fonctionne et les références multiples aux contes populaires (Trois petits cochon, le petit chaperon rouge…) donnent à l’ensemble une teneur substantielle. On ne tient certes pas là le récit qui va marquer les esprits en 2008 mais un divertissement tout à fait honorable ce qui n’est déjà pas si mal vu la qualité de nombre de sorties du moment.

Mais une autre facette reste à être mise en avant si l’on désire pousser le raisonnement jusqu’au bout. En effet, depuis quelques mois maintenant Robert Laffont, l’éditeur de ce livre, tente de s’imposer dans le lucratif et florissant marché de la bande dessinée. Pour ce faire, il a ramené dans son giron quelques noms connus (Serpieri, Dorison, Dufaux….) et a publié une rafale de tome I espérant ainsi rafler un mise facile.

Or le Bois des Vierges est symptomatique de cette prise de risque que tout investisseur tente de minimiser au maximum. Il contient en lui tous les germes de la série à rallonge. Série qui vivra forcément trop si l’album double le cap de la rentabilité mais qui sera abandonné à son triste sort si celui-ci n’est jamais atteint. En d’autre terme, je redoute que cette histoire qui part plutôt bien, ne vive jamais par elle-même, mais soit embarquée dans une aventure économique qui ne la laissera que peu ou mal s’exprimer. Affaire à suivre en tous les cas…

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