Excité de voir que la réalisation avait été confiée à Soi Cheang dont le précédent film Dog Bytes Dog, offrait une vision extrêmement explicite de la violence (malgré le final d’une niaiserie bisounoursale), on pouvait donc s’attendre à une adaptation frontale et jouissive pour les fans de Ryo Narushima.
C’est donc avec une sacrée dose de gazouillement au ventre (quand moi être content, moi toujours faire ainsi !) que j’enfournais la galette dans le lecteur et que j’appuyais sur PLAY…
1heure30 plus tard…
Je remets délicatement le disque dans son étui, me munis d’un large rouleau de chatterton, le déroule entièrement sur le boîtier du DVD. Par delà mon patio romain, j’entends mon voisin (un célèbre présentateur télé mais chut je lui ais fait la promesse de ne pas le cafter) qui répare la murette défoncée par une rencontre tragique avec son 4x4 urbain. Je dépose le boîtier du DVD ressemblant désormais à un ballon de rugby,dans sa bétonnière de confection scandinave, puis j’attends un jour que le béton sèche. Le lendemain, j’ouvre un compte avec coffre dans une banque sud américaine afin de déposer ma simili-brique. Mais là je gruge, j’y dépose une urne funéraire vide pour brouiller les pistes. Je repars pour la vieille Europe, je trouve une ministre de la Justice que je fourre avec mon paquetage et hop pas vu, pas pris.
Bref vous comprendrez facilement mon ressentiment face à cette adaptation. Comme je ne suis pas critique ciné, je m’abstiendrai de rentrer en détail dans l’autopsie de la bête mais en conclusion on peut dire que le manga est proportionnellement bon à ce que le film est daubesque.
Ne ratez pas prochainement sur ce blog la chronique de Twentieth Century Boy le film, je vous raconterai pourquoi la colère m’a fait m’immoler dans un cinéma.
Miyamoto Musashi
Shotaro Ishimori
OneShot 480 pages
Ed Sensei Kana (enfin Dargaud, mais en fait Dargaud-Lombard et récemment Dargaud Lombard Dupuis et bientôt Dargaud-Lombard-Dupuis-MacDonald-Nike-Saupiquet ?)
Pour les puristes de la bande dessinée japonaise le nom d’Ishimori est associé à celui d’une grande imposture. En effet si le nom de Tezuka est sur toutes les lèvres, celui d’Ishimori est souvent balayé avec les poussières de l’Histoire de la bande dessinée. Et pourtant ! Oui pourtant, Ishimori mérite lui aussi le titre de maître tant ses œuvres sont marquantes tant pour leurs inventivités et leurs diversités. Contemporain de Tezuka, Mizuki, Shotaro Ishimori est de la génération d’auteurs qui, dans les années soixante, ont imposé les règles du manga actuel. Il est le dieu de la science-fiction au Japon avec Kamen Rider, Cyborg 009, Kikaider (non traduite en France). Mais son œuvre va au-delà de la S.F et touche tous les genres de la bande dessinée : chronique moderne, récit historique, récit pour enfant, fantastique…
Dans nos contrées, il est le premier mangaka à avoir été traduit en français (et oui avant la vague Akira), seulement qui se souvient du Vent du nord est comme le hennissement d'un cheval noir ou Les secrets de l’économie japonaise en bande dessinée ? Pas grand monde, c’est vrai. Il faut dire que traduire littéralement du japonais les titres de ces manga n’a pas aidé.
Aujourd’hui, vous n’avez plus d’excuse pour passer à côté de ce one shot résumant la vie du plus grand bretteur japonais, Miyamoto Musashi. S’appuyant sur divers sources, notamment le traité des Cinq Roues (l’autobiographie du guerrier et en même temps un formidable traité de stratégies guerrières) ou les célèbres romans Eiji Yoshikawa (La Pierre et le Sabre et sa suite La Parfaite Lumière). Ishimori dresse un portrait conforme en tout point à la légende de Musashi. On y voit une force de la nature insoumise, rebelle, investie du désir d’être le plus fort. On y trouve les différents épisodes qui font la grande histoire du guerrier, jusqu’à son dernier souffle. Le cas de Miyamoto Musashi est si exceptionnel qu’il est difficile de parler de samouraï, car si les samouraïs suivent scrupuleusement les dogmes du Bushido « voie du guerrier », Musashi s’est vite affranchi de ces codes afin de parfaire sa « voie ». Aucune école de sabre ne peut enseigner son style de combat, la manière de combattre de Musashi lui est propre. Cependant le manga d’Ishimori n’est pas une énumération barbare des nombreux cadavres parsemant la route de l’homme le plus fort du Japon. L’auteur relate avant tout une destiné hors norme à la volonté exceptionnelle.
Si le design général, obéissant aux diktats de l’époque (c'est-à-dire un graphisme très proche de Tezuka) n’est pas renversant, c’est la mise en page et la maîtrise du mouvement qui vous happe pleinement. Il faut savoir que le combat selon Musashi, c’est fulgurant, un coup ; tu es mort. Dés lors l’ambiance des combats ressemble plus à une scène de western spaghetti qu’à un joute à la Bruce Lee, l’auteur maîtrisant à merveille la temporalité et le rythme de son récit. En moins de 500 pages on traverse l’histoire d’une vie. Au passage on prend une grande leçon de zen. Musashi est probablement la personnalité la plus intéressante du récit de sabre japonais (mais il ne faut pas être jaloux, nous, on a D’artagnan).
J’ai omis volontairement toute comparaison avec Vagabond de Takehiko Inoue ; une autre série traitant de manière romanesque les aventures du même Musashi. A mes yeux, Vagabond est simplement la meilleur série de manga, l’ultime référence (Alors pourquoi tu ne la chroniques pas ????Philéas), seulement un article ne suffirait pas en parler, il faudrait un blog entier. On ne peut d’ailleurs pas mettre le titre d’Inoue en parallèle avec une autre série sans finir ses phrases par nul. Vagabond est donc jugé hors catégorie.
Monsieur Pierre
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