mercredi 30 janvier 2008

Les Mardis du Manga


L’enfer de Jade,

Lai Tai Tai Wing,
Ed. Casterman
Coll. Hua Shu, 2008 (one shot)

Ce qu'il y a de bien avec les ouvrages de traduction c'est que lorsqu'un nouvel auteur ayant déjà une bibliographie géniale arrive chez nous, on est sur que l'on va se régaler très vite des autres merveilles de celui-ci ; c'est le sentiment délicieux que j’ai déjà pu éprouvé avec des auteurs comme Hideki Arai ou Shigeru Maruo. C'est encore le cas avec Lai Tai Tai Wing, jeune auteur chinois qui va bousculer nos envies de lecture. L'Enfer de Jade est donc la première traduction paru chez Casterman dans la collection Hua Shu (l'équivalent de Sakka pour les créations chinoises) et autant dire que ce one shot brasse hystérie, démence, violence sourde, absurde et même l'Amour. Jade est la jeune fille la plus chanceuse du monde. Pour s'en assurer elle n'hésite pas à jouer sa bonne étoile à travers des jeux très ludiques. La preuve dés les premières pages où elle et ses camarades de classe se bandent les yeux et sprintent à travers une mégalopole à l’heure de pointe...je vous laisse imaginer ce que ce genre de caractère peut donner une fois arrivé en Enfer où des divinités belliqueuses armées comme un militant corse un jour d'élection n'auront de cesse d'essayer de stopper notre héroïne qui tente de quitter ce lieu maudit.
Bref un condensé d'adrénaline furieusement injecté sur la page par un trait précis et incisif, proprement jouissif. A bientôt, Laï Tai Tai.
Monsieur Pierre

mardi 29 janvier 2008

Raging Plus


Un nouveau magazine a fait récemment son apparition dans les kiosques et librairies. Trimestriel, XXI offre des articles denses, fouillés et aux thématiques relativement variés. Je dis relativement parce que l’on reste dans une ligne éditoriale très « docu » avec beaucoup d’international. On retrouve par exemple un dossier sur la Russie d’aujourd’hui, un autre sur la France de la désobéissance civile, un article sur les OGM, un sur les sans papiers qui tentent leur chance par Gibraltar…C’est d’ailleurs ce dernier article qui vaut à XXI de se retrouver aujourd’hui dans les colonnes de Raging Plus. Pourquoi ? Parce que cet article a été écrit par Jean-Philippe Stassen sous forme d’un récit graphique. Et qu’apparemment, l’ambition de XXI sera de confier ainsi pour chacun de ses numéros, un article à un bédéiste.
Enfin ! Après le reportage écrit, le reportage photo, les artistes de bande dessinées vont pouvoir s’exprimer dans la presse eux aussi sous forme de reportages construits, argumentés, témoins au même titre que tous les autres du monde qui les entoure ; transmettre leurs ressentis, leur vision du monde, leur perception de la géopolitique etc…
Certes des bande dessinées sortent déjà sur toutes ces thématiques, mais le fait qu’un auteur soit intégré dans un numéro, au sein d’une rédaction, pour autre chose que la blague de fin, ou le petit croquis détente est vraiment un progrès.
Ne reste que le plus dure à faire ; prouver que la bande dessinée a bien sa place au sein du journal. Avec ce que propose aujourd’hui Stassen, c’est plutôt en bonne voix.
XXI est à vendre 15 euros et pour les renseignements complémentaires, je vous laisse l’adresse de leur blog http://www.leblogde21.com/ vous y découvrirez entre autre, le nom du prochain auteur qui a été choisi par la rédaction.

vendredi 18 janvier 2008

Info

Je ne l'ai pas vu je n'en dirai donc ni mal ni bien mais le simple fait que ce genre de documentaire existe mérite déjà du soutient. Voici donc un portrait de cinq auteurs Genevois dressé par le documentariste Thierry Tripod.
Le DVD est à vendre dans toutes les librairies et sur internet bien sûr. Longue vie à lui.

jeudi 17 janvier 2008

Article

Surproduction ou reproduction ?
Décidément, la thématique de la surproduction est de mise en ce moment. C’est peut être que ce phénomène génère avec lui, un nombre de conséquences plus importantes qu’il n’y paraît. Sans parler du travail des libraires qui se trouve, face à cette masse à gérer au quotidien, devant de nouveaux défis comme celui du choix des albums à mettre en avant mais aussi du temps qui sera accordé à tel ou tel livre avant d’être sortie des étalages et de la manutention qu’entraîne ce rythme de turn-over incroyable, je vais plutôt me pencher ici sur un autre des nombreux aspects de cette surproduction ou du moins de cette production massive.
En effet depuis quelques temps, la blogosphére prend le pas sur le quotidien de tout bon internaute. Intégrés dans les quotidiens nationaux et régionaux, on retrouve blogueurs et blogueuses jusque sur les plateaux de télévision.
Pour le petit monde de la bande dessinée, le blog a été un formidable vecteur de diffusion pour des centaines d’anonymes. Moyen de se faire connaître sans avoir à recourir aux inévitables dossiers envoyés aux maisons d’éditions et qui restent trop souvent sans réponses, cette fenêtre ouverte sur les ateliers personnels de jeunes artistes remplit son rôle à plein.
Fournisseurs de nouveaux talents, utilisant les capacités rapides de diffusions de l’information qu’offre le monde numérique, le fameux buzzz, et la possibilité de se couler dans un réseaux, le web a vu naître et grandir une nouvelle génération de dessinateurs.
Seulement voilà. Si cette forme de support offre de nombreux avantages, il demeure un problème qu’elle va avoir du mal à supplanter : celui de la caisse. Autrement dit, comment en ayant la reconnaissance d’un certain public - parfois plusieurs milliers de personnes suivent les évolutions d’un blog - réussir à vivre en faisant rentrer de l’argent ? Car si le blog est visible par tous, il ne se vend pas et par conséquent ne rapporte rien d’autre que de la notoriété. Et si celle-ci est agréable, il faut bien reconnaître qu’il est assez difficile au quotidien, de payer ses factures avec.
La seule solution pour tous ces nouveaux talents reste donc d’intégrer le circuit traditionnel, détenteur des cordons de la bourse et par la même d’un plus large circuit de diffusion. Mais la vrai question maintenant est de savoir si il est réellement nécessaire une fois ledit circuit intégré, de reproduire le blog sur le papier ? Une œuvre créée pour un certain type de support, supporte généralement assez mal le changement et l’adaptation à une nouvelle forme. Mais après tout, on réédite bien sans cesse certains albums alors pourquoi ne pas franchir le pas avec ceux là ?
Personnellement j’aurai tendance à préférer qu’on laisse l’œuvre numérique là où elle se trouve et que l’on offre plutôt au nouveau promu, une chance de s’exprimer sur le papier. Ceci pour deux raisons.
La première c’est que créer pour le virtuel, pourquoi vouloir absolument en faire un livre dans le réel ? Un encart sur le futur album de l’auteur suffirait à signaler l’existence du blog et entraînerait irrémédiablement les curieux à aller y jeter un œil, lui laissant ainsi sa dynamique de découverte.
La seconde raison de ma préférence à laisser le blog là où il se trouve est que, gratuit dans un premier temps, il faudrait payer par la suite mais pour quoi exactement ? Le posséder ? Le plaisir de la saisir entre ses mains ? Le plaisir de la lecture ne suffit il pas ?
Matérialiser une oeuvre numérique n’est à mon sens, ni une priorité, ni même une nécessité. En revanche peut être existe-t-il une réalité économique dont je ne serais pas au fait et qui serait la réelle motivation de tout cela… Évidement ces reproductions ne sont pas les seules responsables de la surproduction et font encore figures d’anecdotes face à la production massive du moment. Mais peut être que ces reproductions pas forcément essentielles feraient mieux de laisser leur place à un véritable travail de création, plus propice à valoriser cette génération montante.

Info


Après le cinéma, voilà que Luc Besson s'attaque à la bande dessinée et ouvre sa propre maison d'édition, Septième choc. Avec comme seul objectif de faire des albums de qualité - dixit le site. Nous attendons avec impatience la maison d'édition qui se lancera avec comme seul objectif de faire des albums mauvais et illisibles - la politique éditoriale sera tournée vers des thématiques urbaines et sociales.
En fait Besson ne crée rien, il soutient une maison d’édition déjà existante et qui publie depuis quatre ans, des albums autour de la banlieue. Le tout est de savoir maintenant si cette structure va être un réservoir de scénario pour Europacorp (la boite de production du cinéaste) ou un déversoir pour scénario ne rentrant pas dans les canons de ladite production.
Amateurs du genre, voici l’adresse pour en savoir plus :

lundi 14 janvier 2008

Article

Surproduction ou malproduction ?
On parle beaucoup de surproduction en ce moment concernant la bande dessinée. J’aurai tendance moi, à préférer le mot malproduction. Je ne suis pas sûr qu’il puisse d’ailleurs y avoir de surproduction concernant les livres d’une manière générale. Lorsque les francophones dans leur ensemble, liront plusieurs livres par semaines et que malgré tout, les stocks ne pourront pas être écoulés, alors oui, peut être que l’on pourra parler de surproduction. Mais d’ici là, nous avons encore de la marge. Je pense pour ma part que la bande dessinée souffre surtout d’une production mal pensée plutôt qu’abusive. Illustration avec ces deux exemples :

Jimmy : James Dean
Gamberini / J-F et M Charles
Ed. Casterman
Collec Rebelles

Voici donc une autre biographie du célébrissime personnage qu’est James Dean. Mort à 24 ans alors qu’il était en pleine et brillante ascension, les auteurs nous offrent donc l’opportunité d’admirer une nouvelle fois la trajectoire de cette étoile filante. Pourquoi pas. Le choix de James Dean s’inscrit dans la lignée d’une collection dédiée aux rebelles et débutée par Casterman voilà un an avec Che Guevara.
Le choix du format d’un classicisme triste pour traiter de tels personnages, prêtes déjà en lui-même à débat. Mais soit, passons. L’essentiel restant quand même le contenu.
Hors ce contenu est non seulement très mal illustré (images flous, couleurs baveuses…) mais de surcroît, l’histoire est découpée de telle sorte que tout ceci n’est jamais plus qu’une succession d’anecdotes sans queue ni tête. Pour illustrer la révolte d’un homme face à un système et sa volonté farouche de laisser parler sa nature profonde pour incarner ses personnages le résultat est d’une pâleur et d’un traditionalisme en totale inadéquation avec le propos. Alors question : qu’elle est l’utilité de ce livre ? A la limite, le résumé de la vie de l’acteur, proposé en tout début d’ouvrage aurait à lui seul suffit. Mettre des images sur des mots (et ici une vie) ne suffit pas toujours à faire à faire une bande dessinée.


Martha Jane Cannary : la vie aventureuse de celle que l'on nommait Calamity Jane
Volume 1, Les années 1852-1869
Perrissin / Blanchin
Ed. Futuroplolis

Personnage mythique de l’épopée fondatrice de la nation américaine, le nom de Calamity Jane est plus connue que sa vie. Plus utilisée par la bande dessinée que par la littérature, cette femme au caractère bien trempé et à la vie rude est l’objet d’une biographie proposée par Christian Perrissin et Matthieu Blanchin aux éditions Futuropolis.
Dessin noire et blanc, histoire fouillée, ce livre nous permet tout d’abord de plonger dans la vie au jour le jour de Martha Jane, de mettre en perspective condition de femme dans le grand ouest américain, de découvrir aussi de quelle façon c’est faite cette conquête. Ce livre contribue non seulement à mieux nous faire connaître la personne de Calamity Jane mais aussi dans quel contexte elle a évolué (historique, géographique, sociale…)
Pour le coup, le choix d’un format épais, de couleurs tirants du sépia jusqu’au noir et d’un trait souple et travaillé donne à l’ensemble une cohérence rare et attachante. Ce livre devient à ce titre, nécessaire et l’on espère que la suite sera de la même qualité.

A travers ces deux exemples, une chose ressort. Jimmy relève clairement d’une stratégie éditoriale et perd du coup complètement la spontanéité et la créativité du à l’élaboration d’un ouvrage biographique le réduisant à l’état de simple produit culturel. Tandis que le second qui relève de la volonté de deux auteurs, prend une dimension tout autre et devient pour le coup, un véritable livre. Alors voilà, entre un livre imposé par des stratégies et un livre voulu par ses auteurs, n’est il pas temps à la vue du résultat, de revoir certains systèmes de production dans le joyeux et prolifique monde de la bande dessinée ?

vendredi 11 janvier 2008

Soutien

Nous ne l’avons pas évoqué hier soir mais une triste nouvelle va venir assombrir ce début d’année 2008 : la librairie Bédélire va fermer. Véritable institution dans le milieu des passionnés de la région, cette information est grave à plus d’un titre. Tout d’abord, elle va mettre au chômage des gens d’une compétence rare et nous priver de leurs conseils avisés.
Mais ce premier constat ne saurait durer puisque je suis sûr que tel le Phénix, ils renaîtront rapidement de leurs cendres pour ouvrir au plus vite, un nouveau lieu pour nous accueillir. Mais surtout, cette fermeture illustre une réalité froide et directe, à savoir que se ne sont pas les compétences en la matière qui font la différence, mais la capacité de gestion. Vous pouvez être la pire des tartes, ne rien comprendre aux enjeux, si ce n’est artistique, au moins culturel de l’univers de la bande dessinée, cela n’a aucune importance du moment que vous soyez un bon gestionnaire ; que vous gériez votre patrimoine en bon père de famille, comme on dit quand on est un gens bien.
Je ne fais pas l’éloge des paniers percés et autre dépensiers outranciers, je dis juste que dans une société qui se donnerait réellement les moyens de la diffusion de la culture et du soutient à la diversité, une librairie comme Bédélire n’aurait du avoir à se consacrer qu’à son domaine de compétence, qu’elle opérait avec excellence, et qu’elle aurait du bénéficier de soutiens plus denses de la part des financiers car après tout, se sont eux qui sont les plus à même de comprendre tous les tenants et les aboutissants de cette fameuse gestion.
Certes, tout le monde à sa part de responsabilité dans cette affaire et un naufrage n’est jamais du qu’à la malchance, mais compte tenu de la réputation et du sérieux de leur travail et compte tenu de l’augmentation sans cesse croissante des ventes de bandes dessinées en France un problème de gestion n’aurait jamais du suffire à en arriver là.
Malheureusement le constat est là mais heureusement notre soutient aussi et l’on attend avec impatience, votre renaissance.
Je vous rappelle à tous à ce propos qu’en France une loi impose que le prix du livre soit identique PARTOUT, alors surtout n’oubliez pas, faites vos achats chez les indépendants, c’est important.

mercredi 2 janvier 2008

Liste de Janvier

Dans la mollesse de l’après « fêtes de fin d’années » et de l’avant "Angoulême" voici donc la liste de Janvier. Six titres et toujours le même rendez vous, le jeudi soir dans la cave du Pépère.
Au plaisir de vous y voir, je vous souhaite par avance à toutes et à tous, une bonne année 2008.



Arctica

Pecqueur / Kovacevic / Schell
Ed. Delcourt





Le grand mort

Loisel / Djian / Maillé

Ed. Vent d'Ouest




Les dessins refusés du New-Yorker

Matthew Diffee

Ed. Les Arénes



Le petit livre rock

Hervé Bourhis

Ed Dargaud





Unlikely

Jeffrey Brown

Ed. Ego comme X



Massacre au pont de Nogunri

Chung Eun-Yong / Park Kun-Woong

Ed Vertige Graphic
Coconio Press