lundi 26 mai 2008

Article


Adaptations littéraires sous le format du 9éme art :

(Suite de l’article débuté le 30 avril dernier.)

Pour en revenir à l’article du 12 mai concernant les adaptations en général, il me paraît important de revenir sur un point central que je n’ai pas évoqué à ce moment-là et qui est la notion « d’esprit » de l’œuvre originale. Qu’est ce que « l’esprit de l’œuvre originale » et comment est il possible de le définir ?

C’est un point important puisque c’est sur ce point précis que peut reposer toute une partie de la légitimité et de la réussite d’une adaptation. Reproduire à l’identique une œuvre en ajoutant des images pour « faire bande dessinée » n’a bien sûr aucun sens. Le livre illustré existe déjà pour remplir cet espace et bien qu’une bande dessinée soit un livre, le dessin n’est pas là simplement pour illustrer l’histoire. Comme la bande dessinée possède ses ressorts narratifs propres, issus justement de ce lien intrinsèques qui existe entre la narration littéraire et la narration graphique c’est ce lien, cette correspondance entre le texte et l’image qu’il faut exploiter et mettre en avant afin de mettre en valeur le livre adapté et lui donner ainsi un nouvel angle d’approche. Cela permet d’acquérir au final une lecture différente tout en en gardant le cadre ; et c’est là que réside principalement l’intérêt d’une adaptation.

L’adaptation n’est donc pas qu’une exploitation facile d’un créneau rentable. Elle peut être aussi l’opportunité d’offrir au lecteur une vision différente de l’œuvre. Ce qui ne veut pas dire que cette dernière en sera forcément plus simple. Donner corps à un héros ne signifie pas pour autant annihiler sa psychologie, son comportement et sa place au sein de l’histoire. Cela ne signifie pas qu’il soit par ce biais relégué à la simple dimension d’image et que comme par magie, tout le reste soit effacé.

Cependant si capter l’esprit du livre original reste une priorité, la marge d’expression personnelle de ceux qui adaptent le livre restent grande et surtout nécessaire. Faire une photocopie du livre original avec pour fond folklorique un déroulant dessiné, sans rien apporter d’autre que des images est trop réducteur pour qualifier un tel exercice. Même si c’est souvent cela qui ressort, ce n’est évidement pas le plus valorisant pour l’oeuvre.

Alors que renferme la notion « d’esprit du livre » ?

Plusieurs choses essentielles qui prisent individuellement n’ont sûrement que peut de sens mais qui rassemblées permettent sûrement de mieux comprendre les enjeux d’une adaptation :

 Le contexte historique de son écriture : un roman du 19éme ne se traitera pas de la même manière qu’un roman du vingtième qui lui même se différenciera d’une œuvre écrite de la seconde guerre mondiale par exemple.

 La localisation géographique de son écriture : L’âme russe transpire dans toute la littérature issue de ce pays tout comme celles issues des quartiers chauds de New York ou celles venues des profondes campagnes françaises.

 La personnalité de l’écrivain : Adapter un livre d’un écrivain sans prendre la totale mesure de son créateur est bien évidemment une gageure. A travers l’œuvre, c’est le témoin d’une époque et plus généralement, le reflet d’une personnalité que l’on peut observer.

 La position du livre dans l’œuvre de l’auteur : Les livres de jeunesses n’auront jamais le même sens qu’un livre écrit après une vie consacrée à l’écriture par exemple.

 Les différentes adaptations qui ont pu déjà être faites : Sans chercher à trouver une inspiration à travers elle, les prendre en compte peut apporter une aide certaine et surtout éviter les redites et pourquoi pas les erreurs.

 Ces points n’ont pas pour vocation de fournir une recette de réussite. Ils permettent en revanche de cadrer un minimum les impératifs qu’imposent une adaptation. Et c’est vraisemblablement dans ce cadre qu’il est possible de s’approcher au mieux de l’esprit du livre et c’est en travaillant dans ce cadre qu’il sera possible de retranscrire de la façon la plus juste, l’essence même du livre choisi. 


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