Et voilà le premier résumé de l'histoire, encore modeste certes mais quand même, de Raging Bulles. La primeur du geste revient à la bonne ville de Bordeaux, qui forte de ses trois années d'expérience en la matière, nous livre un compte rendu bienvenu et qui a fait défaut jusqu'ici. Merci à Magali et Sarah pour la réalisation de cette tâche.
A Marseille on s'organise et si l'on ne peut pas encore parler "d'expérience" au sens où on l'entend dans la capitale du Sud-ouest, une chose est sûre, le départ que nous avons vécu ici la semaine dernière annonce des soirées critiques à venir des plus animées et des plus réussies.
En tous les cas pour ceux qui étaient sur place, bonne lecture et pour ceux qui n'y étaient pas...ben bonne lecture aussi.
Résumé du Raging de Bordeaux :
Il est temps de ranger serviettes, tongs et maillots, il est temps de reprendre sagement son cartable, oui, il est grand temps de reprendre les lectures de la rentrée !
Et c’est reparti pour une troisième saison Raging Bulles. Alors pour les « pas là », les « trop fatigués », ou encore les « distraits », nous vous accordons une révision de dernière minute…
Stop, Rewind, Play: Jeudi 24 septembre, à l’Oiseau Cabosse, se sont retrouvés une trentaine de personnes pour festoyer le premier rendez-vous de la saison. À 20h tapante entrent alors en scène nos chers critiques : David Fournol (Libraire Oscar Hibou), Guillaume Trouillard (Auteur et éditeur de la Cerise), Xavier Hanna (Libraire Album Bordeaux), et la touche féminine pour Dounia Hanna (Bibliothécaire).
Et au tableau, pour diriger ces élèves dissipés par une demi-douzaine de bandes dessinées, notre bon médiateur : Eric Audebert (président de L’Association 9-33).
*Pascal Rabaté, /Le petit rien tout neuf avec un ventre jaune/, éditions Futuropolis. *
Patrick vient de se faire plaquer par sa femme tout en étant gérant d’un magasin de farces et attrapes. Sort ironique. Dépression et cotillons de fêtes côtoient donc son cœur, jusqu’à l’arrivée d’un cirque dans son village. Il rencontre alors Clarisse l’acrobate…
Pour ce premier livre sélectionné, Guillaume Trouillard annonce la couleur, du moins celle de la coloriste Isabelle Merlet, qu’il trouve très « touchante et juste ». Mais malgré tout son amour pour le travail de Pacal Rabaté, le dessin tend selon lui vers celui de David Prudhomme (cf. /La Marie en Plastique/).
David Fournol va quant à lui rendre à Rabaté ce qui est à Rabaté, c’est à dire tout son art de raconter les histoires de l’ordinaire, mais toujours en trouvant les mots justes. « Authentique et sans voyeurisme» selon lui.
Xavier Hanna va de son côté émettre une petite moue dubitative, suivie d’une légère déception face à ce dernier ouvrage d’un auteur qu’il aime pourtant particulièrement. Oui, le sujet est original et touchant, ce qui est le propre de Rabaté, mais c'est une histoire qu'il aura sans doute oublié dans 4 ou 5 mois. Contrairement aux /Petits Ruisseaux/ qu’il avait adoré…
Dounia Hanna se défend en disant que le sujet du papi dans les /Petits Ruisseaux/ était certes, beaucoup plus poignant, mais ce dernier livre reste selon elle une belle histoire, marquée par l’épaisseur de ses personnages.
*Renaud Dillies, /Bulles et Nacelle/, coll. Long Courrier, éditions Dargaud.*
Charlie, auteur-rongeur de son état, est en pleine crise de la page blanche. Il se nourrit alors de rêves et de Django Reinhardt pour s’enfoncer peu à peu dans une mélancolique solitude. L’arrivée d’un petit oiseau bleu peut-elle l’aider ?
Selon Dounia, nous sommes dans le registre du sentiment, et Dillies utilise l’anthropomorphisme pour donner un ton léger aux plaisirs de cette solitude. C’est un ouvrage à la fois poétique et léger, voir peur être trop avec le problème de non-écriture.
Xavier, lui, a beaucoup aimé cette manière de penser chez l’auteur. Cette souris pense vouloir être seule, mais finalement un petit oiseau imaginaire l’en empêche. C’est une sorte de Jiminy Cricket . Peut-être est-ce du vécu ?
Guillaume découvre ce conteur, avec un art narratif très présent, notamment par un savant découpage et un bel aspect rétro pour le jeu des trames.
De son côté, David Fournol apprécie la musicalité qui ressort de ce livre plein d’ambiance. Il y a un rythme touchant dans cette ville, avec en plus des « personnages-doudou », très chaleureux et tout en rondeurs.
*Marc Antoine Mathieu, /Dieu en personne/, éditions Delcourt.*
Lorsqu’un homme décline son identité et avoue être Dieu, oui Dieu en personne, il devra dans notre monde actuel l’assumer jusqu’au bout, et même jusqu’au procès qu’on va lui intenter.
Xavier a aimé l’aspect « brèves de comptoir » sur Dieu, mais écrit à la sauce M.A.M.
Le thème est très bien emmené, et il n’y a aucune allusion à un seul dieu. Nous sommes dans le culte de toutes les religions, avec ce dieu laïc.
Guillaume, qui est aussi un inconditionnel de l’auteur, découvre cet univers cohérent et implacable dans une société kafkaïenne. « Mathieu pousse les raisonnements sur Dieu jusqu’à l’absurde, puis les retourne avec brio ». Il creuse donc toutes les possibilités narratives sur Dieu, mais peut-être parfois un peu trop.
« Super » dixit Dounia, qui a trouvé le propos plus qu’intéressant, notamment avec l’effet reportage et la surmédiatisation autour de Dieu. « D’une grande intelligence ».
David, emballé, parle du tour de force de l’auteur, car à aucune page il ne s’est dit : « Dieu n’existe pas ». Cela lui paraissait évident lors de la lecture, comme si Monsieur Mathieu l’avait endoctriné dans ce monde totalitaire (Notons que la salle fut prise de panique face à tant d’émoi de la part du père Fournol, qui semblait avoir eu une sorte de révélation spirituelle…).
*Arnaud Floc’h, /La compagnie des cochons/, coll. Mirage, éditions Delcourt.*
À Bamako, Sidibé est photographe, il attire alors l’attention, mais engendre aussi peu à peu le malaise entre les différentes communautés…
Autant dire que le précédent titre était le petit chouchou de cette sélection. Autant dire aussi que ce dernier en sera son contre-pied.
Et ça démarre fort avec Dounia, qui pointe le doigt sur une succession de clichés et d’idées qui ne traitent pas les évènements en profondeur. Je cite : « Dessin linéaire, couleur naze ».
Au tour de Xavier, et nous parlerons donc en post-scriptum, pour mieux retranscrire l’humeur : « dérangé », « banal », « pas de couleur », « mauvaise accroche ».
Pour David, se sera une dose de « caricatural », agrémentée de « lieux communs », car ici il trouve qu’on s’arrête sur l’idée que « les blancs sont plus méchants que les noirs».
Et Guillaume, clou du spectacle, fait encore mieux avec son « moi je n’ai pas accroché dès la couverture » (rires sarcastiques du public).
En bref, un album qui semble desservir son sujet traité. Hé oui, avec Raging Bulles on vous sert des bisous comme des baffes !
*Kazuo Kamimura, /Lorsque nous vivions ensemble/, Tome 1, coll. Sensei, éditions Kana.*
Les fragments du quotidien d’un jeune couple, non marié, dans le Tokyo des années 70.
Pour ce manga sélectionné, David reste touché par cette belle chronique sociale. « On s’attache vite aux personnages… »
« …à la manière d’un feuilleton télé » s’insurge Monsieur Trouillard, qui se montre épuisé par une chronique amoureuse aussi longue (plus de 700 pages pour le premier volume de cette trilogie).
Xavier pense qu’au contraire, ce type d’histoire-documentaire sur une époque précise, pourrait se rapprocher de /L’empire des sens/ de Roland Barthes. On découvre alors le quotidien dans le Japon des années 70. (C’était la minute France Culture de Xavier)
Dounia, pour terminer, n’était pas conquise. « Trop gnan-gnan », « A ce moment là, moi je préfère /Blankets /». Elle déchaine alors les foudres de « oooh » et de « aaah », et un mini débat s’installe alors sur les différents rapports à la lecture, entre le manga épais et le franco-belge discret. Mais ceci, c’est une autre histoire…
Ce fut donc un premier Raging Bulle fort en émotion pour la Saison III !
On espère vous retrouver lors de la prochaine rencontre, le 22 octobre à 20h, à L’Oiseau Cabosse. D’ici là, bonnes lectures…
A Marseille on s'organise et si l'on ne peut pas encore parler "d'expérience" au sens où on l'entend dans la capitale du Sud-ouest, une chose est sûre, le départ que nous avons vécu ici la semaine dernière annonce des soirées critiques à venir des plus animées et des plus réussies.
En tous les cas pour ceux qui étaient sur place, bonne lecture et pour ceux qui n'y étaient pas...ben bonne lecture aussi.
Résumé du Raging de Bordeaux :
Il est temps de ranger serviettes, tongs et maillots, il est temps de reprendre sagement son cartable, oui, il est grand temps de reprendre les lectures de la rentrée !
Et c’est reparti pour une troisième saison Raging Bulles. Alors pour les « pas là », les « trop fatigués », ou encore les « distraits », nous vous accordons une révision de dernière minute…
Stop, Rewind, Play: Jeudi 24 septembre, à l’Oiseau Cabosse, se sont retrouvés une trentaine de personnes pour festoyer le premier rendez-vous de la saison. À 20h tapante entrent alors en scène nos chers critiques : David Fournol (Libraire Oscar Hibou), Guillaume Trouillard (Auteur et éditeur de la Cerise), Xavier Hanna (Libraire Album Bordeaux), et la touche féminine pour Dounia Hanna (Bibliothécaire).
Et au tableau, pour diriger ces élèves dissipés par une demi-douzaine de bandes dessinées, notre bon médiateur : Eric Audebert (président de L’Association 9-33).
*Pascal Rabaté, /Le petit rien tout neuf avec un ventre jaune/, éditions Futuropolis. *
Patrick vient de se faire plaquer par sa femme tout en étant gérant d’un magasin de farces et attrapes. Sort ironique. Dépression et cotillons de fêtes côtoient donc son cœur, jusqu’à l’arrivée d’un cirque dans son village. Il rencontre alors Clarisse l’acrobate…
Pour ce premier livre sélectionné, Guillaume Trouillard annonce la couleur, du moins celle de la coloriste Isabelle Merlet, qu’il trouve très « touchante et juste ». Mais malgré tout son amour pour le travail de Pacal Rabaté, le dessin tend selon lui vers celui de David Prudhomme (cf. /La Marie en Plastique/).
David Fournol va quant à lui rendre à Rabaté ce qui est à Rabaté, c’est à dire tout son art de raconter les histoires de l’ordinaire, mais toujours en trouvant les mots justes. « Authentique et sans voyeurisme» selon lui.
Xavier Hanna va de son côté émettre une petite moue dubitative, suivie d’une légère déception face à ce dernier ouvrage d’un auteur qu’il aime pourtant particulièrement. Oui, le sujet est original et touchant, ce qui est le propre de Rabaté, mais c'est une histoire qu'il aura sans doute oublié dans 4 ou 5 mois. Contrairement aux /Petits Ruisseaux/ qu’il avait adoré…
Dounia Hanna se défend en disant que le sujet du papi dans les /Petits Ruisseaux/ était certes, beaucoup plus poignant, mais ce dernier livre reste selon elle une belle histoire, marquée par l’épaisseur de ses personnages.
*Renaud Dillies, /Bulles et Nacelle/, coll. Long Courrier, éditions Dargaud.*
Charlie, auteur-rongeur de son état, est en pleine crise de la page blanche. Il se nourrit alors de rêves et de Django Reinhardt pour s’enfoncer peu à peu dans une mélancolique solitude. L’arrivée d’un petit oiseau bleu peut-elle l’aider ?
Selon Dounia, nous sommes dans le registre du sentiment, et Dillies utilise l’anthropomorphisme pour donner un ton léger aux plaisirs de cette solitude. C’est un ouvrage à la fois poétique et léger, voir peur être trop avec le problème de non-écriture.
Xavier, lui, a beaucoup aimé cette manière de penser chez l’auteur. Cette souris pense vouloir être seule, mais finalement un petit oiseau imaginaire l’en empêche. C’est une sorte de Jiminy Cricket . Peut-être est-ce du vécu ?
Guillaume découvre ce conteur, avec un art narratif très présent, notamment par un savant découpage et un bel aspect rétro pour le jeu des trames.
De son côté, David Fournol apprécie la musicalité qui ressort de ce livre plein d’ambiance. Il y a un rythme touchant dans cette ville, avec en plus des « personnages-doudou », très chaleureux et tout en rondeurs.
*Marc Antoine Mathieu, /Dieu en personne/, éditions Delcourt.*
Lorsqu’un homme décline son identité et avoue être Dieu, oui Dieu en personne, il devra dans notre monde actuel l’assumer jusqu’au bout, et même jusqu’au procès qu’on va lui intenter.
Xavier a aimé l’aspect « brèves de comptoir » sur Dieu, mais écrit à la sauce M.A.M.
Le thème est très bien emmené, et il n’y a aucune allusion à un seul dieu. Nous sommes dans le culte de toutes les religions, avec ce dieu laïc.
Guillaume, qui est aussi un inconditionnel de l’auteur, découvre cet univers cohérent et implacable dans une société kafkaïenne. « Mathieu pousse les raisonnements sur Dieu jusqu’à l’absurde, puis les retourne avec brio ». Il creuse donc toutes les possibilités narratives sur Dieu, mais peut-être parfois un peu trop.
« Super » dixit Dounia, qui a trouvé le propos plus qu’intéressant, notamment avec l’effet reportage et la surmédiatisation autour de Dieu. « D’une grande intelligence ».
David, emballé, parle du tour de force de l’auteur, car à aucune page il ne s’est dit : « Dieu n’existe pas ». Cela lui paraissait évident lors de la lecture, comme si Monsieur Mathieu l’avait endoctriné dans ce monde totalitaire (Notons que la salle fut prise de panique face à tant d’émoi de la part du père Fournol, qui semblait avoir eu une sorte de révélation spirituelle…).
*Arnaud Floc’h, /La compagnie des cochons/, coll. Mirage, éditions Delcourt.*
À Bamako, Sidibé est photographe, il attire alors l’attention, mais engendre aussi peu à peu le malaise entre les différentes communautés…
Autant dire que le précédent titre était le petit chouchou de cette sélection. Autant dire aussi que ce dernier en sera son contre-pied.
Et ça démarre fort avec Dounia, qui pointe le doigt sur une succession de clichés et d’idées qui ne traitent pas les évènements en profondeur. Je cite : « Dessin linéaire, couleur naze ».
Au tour de Xavier, et nous parlerons donc en post-scriptum, pour mieux retranscrire l’humeur : « dérangé », « banal », « pas de couleur », « mauvaise accroche ».
Pour David, se sera une dose de « caricatural », agrémentée de « lieux communs », car ici il trouve qu’on s’arrête sur l’idée que « les blancs sont plus méchants que les noirs».
Et Guillaume, clou du spectacle, fait encore mieux avec son « moi je n’ai pas accroché dès la couverture » (rires sarcastiques du public).
En bref, un album qui semble desservir son sujet traité. Hé oui, avec Raging Bulles on vous sert des bisous comme des baffes !
*Kazuo Kamimura, /Lorsque nous vivions ensemble/, Tome 1, coll. Sensei, éditions Kana.*
Les fragments du quotidien d’un jeune couple, non marié, dans le Tokyo des années 70.
Pour ce manga sélectionné, David reste touché par cette belle chronique sociale. « On s’attache vite aux personnages… »
« …à la manière d’un feuilleton télé » s’insurge Monsieur Trouillard, qui se montre épuisé par une chronique amoureuse aussi longue (plus de 700 pages pour le premier volume de cette trilogie).
Xavier pense qu’au contraire, ce type d’histoire-documentaire sur une époque précise, pourrait se rapprocher de /L’empire des sens/ de Roland Barthes. On découvre alors le quotidien dans le Japon des années 70. (C’était la minute France Culture de Xavier)
Dounia, pour terminer, n’était pas conquise. « Trop gnan-gnan », « A ce moment là, moi je préfère /Blankets /». Elle déchaine alors les foudres de « oooh » et de « aaah », et un mini débat s’installe alors sur les différents rapports à la lecture, entre le manga épais et le franco-belge discret. Mais ceci, c’est une autre histoire…
Ce fut donc un premier Raging Bulle fort en émotion pour la Saison III !
On espère vous retrouver lors de la prochaine rencontre, le 22 octobre à 20h, à L’Oiseau Cabosse. D’ici là, bonnes lectures…
3 commentaires:
Cool,
merci pour ce petit résumé de l'épisode 1 de la saison 3.
Vivement le prochain raging, même si la date du 22 octobre je serai au festival de St Malo.
Cool de laisser une trace; surtout pour ceux qui ne sont pas à coté.
Les chroniqueurs ne semblent pas avoir perdu leurs avis éclairés mâtinés d'un sens du spectacle ébouriffant.
Moi j'ai bien une solution ami aaapoumien...crée un Raging sur Paris comme ça t'auras toutes les critiques en direct live ;)
On se voit cette semaine t'façon et on rediscute de tout ça devant une bière et un plat de nouilles
japonaises.
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